Il brano qui proposto in lingua
originale è estratto dal saggio
«Donner forme à une idée»,
già pubblicato in traduzione
italiana nel catalogo
Fausto
Gerevini. Fotografie 1988-90,
Museo cantonale d’arte, 1990.
(...) Ainsi que le langage, la photographie est un moyen d’expression qui peut, entre autres, permettre de réaliser des oeuvres d’art. Avec les mots, on peut faire des exposés scientifiques, des notes administratives, des lettres d’amour, des inventaires commerciaux. En photographie, on peut de même faire des photos d’identité, des clichés météorologiques, des images pornographiques, des prises de vue aux rayons X, des souvenirs de noce. Mais l’imagination permet aussi d’obtenir des images d’une réalité qui n’existe pas vraiment.
C’est là qu’on retrouve, par exemple, la manière de Fausto Gerevini, qui consacre bien le dualisme inhérent à la photographie. Celle-ci, de toute manière, instaure une ambiguïté fondamentale entre la réalité et l’apparence. Le photographe se trouve toujours dans un rapport équivoque au monde, qu’il se soumette aux choses ou les modifie, qu’il s’applique à effacer ou au contraire à affirmer sa personnalité. Instrument d’aliénation ou de participation, la photographie est représentative de deux types de comportement et de deux démarches, esthétique ou instrumentale.
Mais que le photographe restitue apparemment la nature tout en la modifiant par l’artifice (c’est-à-dire sans qu’on le sache à coup sûr), c’est alors l’ambivalence où excelle Fausto Gerevini, dont on pourrait être tenté de croire au début qu’il se borne à traquer l’effet dans le paysage, chasseur d’images pittoresques, quand il modifie vraiment au propre et au figuré l’état des choses. C’est vrai que sa manière paraît traditionnelle, mais il faut précisément saluer l’habileté qui lui permet de dissimuler ses interventions et donc déconcerte le spectateur. (...)
Charles-Henri Favrod